Résidence Senghor

La métamorphose, dans son acception générale, peut tendre à représenter une réponse à l'interrogation que pose à l'homme sa part d'éternité.

Dans l'art universel et la succession des chefs d'oeuvre, la métamorphose relie la nature des ressorts imaginatifs aux aspirations des êtres qui les ont inventés. Que ce soit dans le répertoire mythologique ou dans les fables, dès l'Antiquité, les multiples personnages et figures se détachent comme des entités expressives voire symboliques, demeurées, à juste titre, intemporelles.  Car le peintre, le philosophe, le conteur, l'artiste ... cherche à donner à voir et à comprendre un monde idéal et en trouve des formes qui renvoient à la perfection (du bien ou du mal) à la mesure de ses rêves.

L'acte créateur fait surgir, partout où il se manifeste, un univers transcendant :  celui des apparences.  Au fil du temps, les artistes les plus sincères se risqueront à violenter toujours davantage les normes du discours classique pour effectuer avec les sons, les images ou les mots un véritable travail d'alchimiste.  Par pastiches, parodies, variations, improvisations en rappels ou reprises, la musique a plus spécialement pu créer des liens secrets et infinis avec les oeuvres qu'elle adapte, dépasse, transcende ou illumine par des métamorphoses sans cesse renouvelées.  Métamorphose encore quand la musique moderne s'éloigne de l'exposition traditionnelle de ses sujets pour n'avoir d'attention que pour elle-même.  Le compositeur en rupture avec l'immense procession des oeuvres du passé se donne une liberté semblant illimitée. Ses oeuvres qui ne figurent plus des "modèles supposés" deviennent des "faits musicaux" créés par l'accord ou la dissonance spécifique des notes, de la pâte sonore ou encore de la structure.  N'étant plus liées par des valeurs sociales ou religieuses de leur époque, elles participent d'un monde qui échappe au temps.